BILLET 4. L’efficacité de la formation à distance : en finir avec les procès de mauvaise intention


J’ai connu ma première expérience de formation en ligne en 2014 lorsque je me suis inscrit à un cours crédité GIE 6041- Intégration du genre dans les projets de développement international à l’université Laval. Le cours était entièrement offert en ligne dont cinq séances en mode synchrone et dix séances en mode asynchrone. Il y avait quatre évaluations qui portaient notamment sur trois quiz (15%), deux travaux individuels (10%), un travail d’équipe-projet (40%) et un examen final (30%). Enfin, la participation au forum était notée (5%). Concernant le travail d’équipe, il s’agissait de rédiger un projet de développement international. Chaque équipe était formée de 5 à 7 étudiants et avait pour travail de rédiger un document de projet à l’intention d’un organisme humanitaire ou d’une ONG active dans le développement international. Dans le cadre de la réalisation de ce travail de session en équipe, des séances de coaching via un forum privé et des séances via Adobe Connect par équipe étaient organisées par la professeure du cours et ce, selon l’horaire des membres des équipes. Outre cela, il y avait une assistante d’enseignement à qui on pouvait également s’adresser en cas de besoin. En ce qui concerne mon équipe, nous étions au nombre de 7 dont une étudiante à Québec, un étudiant au Sénégal, une étudiante à Paris, un étudiant à Edmundston, un étudiant à Winnipeg et enfin moi-même qui résidais à Montréal. Nous avions nommé une coordinatrice de l’équipe en l’occurrence l’étudiante qui résidait à Québec. Un samedi sur deux, nous travaillions via Google docs où chaque membre de l’équipe intervenait directement dans la rédaction du document. La communication visuelle se faisait via Google Hangout et, à deux reprises, l’équipe avait interagit avec la professeure via Adobe Connect. Ce qui m’avait le plus marqué, outre la réussite du cours qui s’était très bien déroulé, c’était surtout les relations sociales qui s’étaient développées aussi bien entre étudiants qu’avec les deux professeures du cours. À la fin du cours, j’avais comme l’impression que le cours était donné en présentiel car une bonne partie des étudiants ont pu se familiariser et, chose curieuse, une relation d’amitié s’était créée entre un membre de mon équipe et moi, relation que nous gardons jusqu’ici. J’ai voulu narrer cette belle expérience d’apprentissage pour en effet montrer qu’en réalité, avec le développement technologique qui s’offre aujourd’hui au monde de l’éducation, l’enseignement à distance n’a rien à envier à l’enseignement traditionnel dispensé en classe et que,  ce qu’il y a lieu de retenir, c’est que, comme l’indiquent Moore et Marty (2011), « l’enseignement et l’apprentissage à distance est mieux compris s’il n’est pas pris comme une aberration scolaire mais simplement comme un domaine pédagogiquement significativement différent de l’enseignement traditionnel mais qui peut produire les mêmes résultats que ce dernier ». Les conclusions de Means et al. (2009) vont dans le même sens en postulant qu’au-delà d’une différence très négligeable en termes de résultats entre les deux modes d’apprentissages ici discutés, l’apprentissage en ligne présente en plus un avantage en termes de coûts (surtout pour les apprenants qui, quelle que soit la distance géographique, peuvent suivre leur formation).  Bernard et al. (2009) montrent pour leur part que l’enseignement en ligne influence positivement les apprentissages des étudiants aussi bien en termes d’acquisition de connaissances qu’en ce qui concerne le développement des interactions entre apprenants et entre apprenants et enseignants. Qui plus est, le cas que j’ai ici relaté en est une parfaite illustration. En revanche, enseignement à distance ou enseignement en ligne, ce qui compte le plus selon moi, ce sont les compétences pédagogiques de l’enseignant et les styles d’apprentissage adaptés à la clientèle apprenante. De plus, pour le cas spécifique de l’enseignement à distance, il urge au formateur de jouer le rôle de « facilitateur à travers les interactions qu’il entretient à distance avec les apprenants » (Jézégou, 2012).

 

Références

Bernard, R. M. & al. (2009). A meta-analysis of three types of interaction treatments in distance education. Review of Educational research, 79(3), 1243-1289.

Means, B. & al. (2009). Evaluation of evidence-based practices in online learning: A meta-analysis and review of online learning studies. Washington, D.C: U.S. Dept. of Education, Office of Planning, Evaluation and Policy Development, Policy and Program Studies Service.

Jézégou, A. (2012). Créer de la présence à distance en e-learning. Distances et savoirs, 8(2), 257-274.

Commentaires

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  3. L’exemple que vous donnez est très instructif. Dans le cours que vous proposez, les étudiants doivent être très autonomes dans leur apprentissage, ce qui, en comparaison avec un cours où le niveau d’autonomie attendu est moins grand, augmente la distance entre les étudiants et vous. Cette distance transactionnelle, dans les mots de Moore (2013), doit être étudiée en fonction des autres modalités d’apprentissage mises en place dans le cours. Dans votre cours, par exemple, vous faites travailler les étudiants en équipe. Les équipes ainsi formées constituent des communautés d’apprentissage en ligne, un concept cher à Garrisson (2017).

    Vers la fin du billet, vous reprenez l’une des conclusions de Bernard et al. (2009), à savoir que «l’enseignement en ligne influencerait positivement les apprentissages des étudiants». Je dois admettre qu’en l’absence de critères précis définissant l’apprentissage ou l’acquisition de connaissances, cette affirmation de Bernard et al. (2009) m’a laissée perplexe. Concrètement, comment les chercheurs mesurent-ils l’effet positif sur les apprentissages? La réponse à cette question n’est pas toujours présente dans les méta-analyses et cette lacune m’a quelque peu agacée.

    Références

    Bernard, R. M., Abrami, P. C., Borokhovski, E., Wade, C. A., Tamim, R. M., Surkes, M. A. et Bethel, E. C. (2009). A meta-analysis of three types of interaction treatments in distance education. Review of educational research, 79(3), 1243-1289.

    Garrison, D. R. (2017). E-learning in the 21st century: A framework for research and practice. (3e éd.). New York: Taylor & Francis.

    Moore, M. G. (2013). The Theory of Transactional Distance. Dans M. G. Moore (dir.), Handbook of Distance Education (p. 66-85). New York: Routledge.

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