BILLET 4 _DDD9691. L’évaluation en situation authentique


Dans un billet sur les approches pédagogiques actives que nous avions rédigé lors du cours de la dernière session, nous argumentions la pertinence du recours à ces méthodes d’enseignement dans le cadre du cours de management des organisations dont l’objectif principal est de former de futurs gestionnaires ou dirigeants d’entreprises qui seront amenés à développer des compétences managériales en milieu organisationnel. Dans cette perspective d’approche pédagogique, nous proposions pour ce cours, l’approche pédagogique basée sur l’apprentissage par problème qui, selon Bédard et Bourget (2016, cité dans Lison et Bédard, 2016), se déroule en trois principales étapes : (1) discussion autour de la situation problème; (2) appropriation de sources d’informations pertinentes et (3), compilation ou exploitation de la documentation en lien avec la situation problème. Dans cette perspective, l’évaluation d’une telle activité d’apprentissage devrait également s’inspirer, à l’image de l’approche pédagogique, de la réalité professionnelle. En ce sens, elle devrait donc reposer sur des situations authentiques : d’où la notion d’évaluation authentique. Selon Prégent et al. (2009), l’évaluation en situation authentique a l’avantage de favoriser « la résolution de situations similaires à celles vécues au quotidien ou par des professionnels qui doivent faire appel aux connaissances, habiletés et attitudes qu’eux-mêmes sont en train d’acquérir dans le cadre de leur programme d’études ». De plus, ce type d’évaluation serait davantage bonifié par un autre support d’apprentissage qui se trouve être la rétroaction (Rodet, 2000). Présentée comme un outil d’information mais aussi de formation, la rétroaction résume et clarifie le contenu du travail réalisé par l’apprenant. À ce titre, Kozanitis[1] postule que cet outil à double portée permet d’une part, à l’évaluateur, « d’apprécier, dans le contexte, la performance de l’apprenant en termes d’attentes exprimées et d’objectifs pédagogiques » et, d’autre part, à l’apprenant de prendre connaissance des forces et faiblesses de son travail produit et ce, en vue d’y apporter des corrections nécessaires dans une perspective d’approfondissement voire d’assimilation des connaissances. Pour autant, l’apprenant étant naturellement sensible au jugement sur la qualité de son travail, selon Kozanitis[2], il importe de faire preuve d’habileté communicationnelle dans la rédaction d’une rétroaction qui, plutôt que de déstabiliser l’apprenant, devra le motiver et l’inciter à s’engager activement dans la réussite du cours. C’est en ce sens que Rodet (2000) la présente comme un outil d’apprentissage car tant, le commentaire de la rétroaction peut avoir des incidences sur le plan cognitif, méthodologique, métacognitif et même affectif.

Références

Rodet, J. (2000). La rétroaction, support d’apprentissage? Distances.

Lison, C., & Bédard, D. (2016). Postures épistémiques d’enseignants-tuteurs en contexte d’apprentissage par problèmes (APP): les cas de la médecine et du génie. Revue internationale de pédagogie de l’enseignement supérieur, 32(32-3).

Prégent, R., Bernard, H., & Kozanitis, A. (2009). Évaluer des compétences en situation authentique, dans « Enseigner à l'université dans une approche-programme: guide à l'intention des nouveaux professeurs et chargés de cours ». Presses inter Polytechnique.

 



[1] Notes sur la rétroaction, Bureau d’appui pédagogique, Polytechnique Montréal.
[2] Ibid.

Commentaires

  1. Bonjour Toumany,

    Je constate que ton domaine d’enseignement est similaire au mien en ce sens que nous enseignons tous les deux dans des programmes universitaires visant à former des professionnels, respectivement des gestionnaires et des rédacteurs. Certaines personnes qualifieraient ces programmes d’utilitaristes. Dans nos contextes respectifs, il est facile d’imaginer des situations authentiques pour conduire des évaluations. Nous n’avons qu’à imiter les réalités professionnelles. Cela présuppose que nous connaissons les réalités professionnelles. Pour ma part, je vérifie périodiquement auprès de rédacteurs professionnels comment leur réalité évolue. Je m’inspire aussi des productions des rédacteurs professionnels, les textes publiés un peu partout, afin de me faire une représentation précise de leur réalité.

    Mais l’université sert-elle uniquement à former des futurs travailleurs dans différents domaines? L’université n’est pas une école technique… À mon avis, l'université doit aussi permettre aux individus de s’épanouir sur le plan intellectuel, et aux citoyens d’acquérir des connaissances et des compétences pour prendre leur place dans la société. Suivant ces hypothèses, je crois qu’il serait pertinent de concevoir des évaluations inspirées de situations sociales, mais qui ne sont pas nécessairement "professionnelles". Par exemple, n’est-il pas utile de savoir débattre de sujets liés à son domaine dans la sphère publique, même si cela ne fait pas partie à proprement parler de son travail? Dans ce cas, parle-t-on d’évaluation authentique?

    Au plaisir,
    Marie-Josée

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