BILLET 3. La présence à distance au cours de management des organisations selon une approche par problème
Avec le développement des
technologies de l’information et de la communication en éducation (TICE), les
contraintes géo-spatiales et temporelles ne semblent plus constituer des
obstacles et ce, grâce aux divers modes de communication synchrones et asynchrones
qui favorisent les interactions sociales entre les différents acteurs engagés
dans un processus d’apprentissage notamment entre les formateurs et les
apprenants mais également entre les apprenants (Jézégou, 2010). Cette avancée
technologique permet, selon Jézégou, « de lever la dichotomie absence/présence
» en environnement numérique d’apprentissage. Ce concept de présence virtuelle
ou téléprésence qui suscite aujourd’hui un intérêt grandissant dans la
recherche en science de l’éducation à distance repose, selon Jézégou (2012) sur
trois dimensions de la présence à savoir : la présence cognitive, la
présence socio-affective et la présence pédagogique (ou éducative) qui, selon
Garrison et Anderson (2003) concourent à développer une communauté d’apprentissage.
Fondée sur la philosophie du pragmatisme et du socioconstructivisme, cette
présence virtuelle en apprentissage numérique s’appuie en revanche sur une
démarche de collaboration (Jézégou, 2012) que cette auteure appréhende sous
deux approches : (1) une collaboration
contradictoire qui se fonde sur les divergences
et la contradiction des points de vue des acteurs engagés dans les
interactions sociales et (20 une collaboration
constructive qui repose sur le
dialogue entre les membres du groupe et le partage de leurs savoirs mais aussi
par la coordination de leurs actions qu’ils parviennent à résoudre une
problématique et, par ricochet à
co-construire des connaissances. Ces
interactions entre les différents acteurs et leurs environnement spatialement
différents, y compris les modèles de
comportement en situation, sont résumés sous le concept de « transaction »
(Boyd et Apps, 1980, cités dans Moore et Maty, 2011) à l’origine de la théorie
de la distance transactionnelle (Moore et Marty, 2011). Selon Moore et Marty
(2011), trois facteurs essentiels caractérisent cette théorie de la distance
transactionnelle à savoir : la structure du programme, le niveau de
dialogue dans le programme ainsi que le degré d’autonomie des apprenants dans
le processus d’apprentissage. Le degré de dialogue et la structure du
programme, caractéristiques de la distance transactionnelle, dépendent en
revanche de l’approche pédagogique utilisée par le formateur mais également des
« habiletés cognitives et métacognitives des apprenants ainsi que leurs
compétences sociales nécessaires à la collaboration » (Darnon et al. 2008,
cités dans Jézégou, 2012). Ainsi donc, plus le dialogue est privilégié dans un
cours a priori peu structuré, moins la distance transactionnelle est en
conséquence, élevée et vice versa (Jézégou, 2012). Le scénario d’une distance
transactionnelle élevée serait en effet le mieux adapté au cours de management
des organisations que nous avions donné par le passé. En outre, notre approche
pédagogique reposant sur un apprentissage par problème, l’objectif visé
consiste à développer une autonomie des apprenants dans leur processus
d’apprentissage. Ainsi, sur la base d’une liste des étudiants inscrits dans le
cours, ces derniers seront amenés à former des équipes de travail et chaque
équipe aura à choisir aura à choisir une étude de cas sur les différentes
thématiques qui seront abordées dans le cours. Chaque étude cas aborde une
problématique managériale liée à un problème de gestion, de leadership, de
pouvoir, ou d’autorité entre autres du manager et ils seront invités à discuter
des sources de ce problème et à résoudre la situation le cas échéant. Ils
devront s’inspirer des théories abordées dans les lectures qui leur seront
suggérées. Puisque le cours est entièrement donné à distance et que la
collaboration est requise, pour faire émerger les trois formes de présence à
distance ci-haut discutées, il leur sera suggéré de recourir aux technologies
de la réalité virtuelle (Weissberg, 2000, cité dans Jézégou, 2012) comme Google
Docs et Google Hangouts (à titre d’exemples) qui leur permettront
d’expérimenter leurs présences cognitive et socio-affective (Jézégou, 2012). Les
présentations d’équipe auront lieu en mode synchrone selon les programmations
qui seront faites. Une telle démarche d’apprentissage, surtout pour un cours
destiné aux étudiants de MBA, nous semble intéressante à l’heure de la
transformation digitale de l’entreprise où, selon Ascione (2018), « le vrai
enjeu tiendra de la capacité des managers à orienter, déléguer, démontrer leur
leadership et agir entre autres à travers un outil virtuel ».
Références
Jézégou, A. (2012). Créer de la présence à distance en
e-learning. Distances et savoirs, 8(2), 257-274.
Jézégou,
A. (2010). Community of Inquiry en e-learning: à propos du modèle de Garrison
et d'Anderson. Journal of distance Education/Revue de l'éducation à distance,
24(2), 3-9.
Moore, M.G & Marty, O (2015). La
théorie de la distance transactionnelle. Trad. de M.
G. Moore, the Theory of Transactional Distance. Handbook of Distance Education.
Ascione, G. (2018). Quel
management à l'ère digitale? Texte lu dans https://www.actionco.fr/Thematique/management-1214/Breves/Les-pratiques-management-ere-digitale-331139.htm
le 28 janvier 2019.
Mendy, tu fais une belle synthèse des lectures obligatoires de l’activité 3 et ta proposition de scénario est intéressante. J’ai fait la conception de plusieurs cours en ligne où le travail en équipe, habituellement en collaboration, est exigé. Chaque cours est différent et les stratégies sont déterminées par les objectifs pédagogiques, mais il est souvent efficace de demander à l’équipe de définir elle-même sa structure de travail. Travailler en équipe, oui, mais qui fera quoi, quel rôle chacun doit tenir, pourquoi et comment (évidemment, cette structure est remise au professeur ou au professeure, souvent avant d’entreprendre le travail). Cet exercice les oblige à se situer chacun dans le groupe et d’initier la négociation des statuts qui est une étape essentielle pour la formation d’une synergie dans le groupe.
RépondreSupprimerLe phénomène de communication est complexe et procède d’une foule de petits éléments qui peuvent parfois paraître anodins, mais qui ont chacun une place déterminante dans la création des présences.
Par contre, je dois te signaler que Google Doc et Google Hangouts ne sont pas des technologies virtuelles. Finalement, je suis plutôt d’avis que l’outil est moins important que le scénario pédagogique pour créer les présences.