LES APPROCHES PÉDAGOGIQUES ACTIVES
Comme le font valoir une multitude d’études sur les
apprentissages des étudiants actuels, ces derniers n’ont plus vocation à être
de simples consommateurs d’informations qui, dans certaines mesures, pourraient
ne même pas les intéresser. Ils veulent construire eux-mêmes leurs propres
apprentissages et ce, à partir de leurs propres motivations en vue de favoriser
leur autonomisation dans la vie réelle (Löbler, 2006). En ce sens, nous
terminions notre dernier billet sur les théories de l’apprentissage par une
proposition sur la nécessaire réorientation des approches pédagogiques qui
devraient être centrées sur les apprenants en vue de favoriser non seulement
des échanges entre enseignants et apprenants mais également aux fins de
stimuler une collaboration entre ces derniers. De telles approches pédagogiques
répondent au nom de pédagogies actives qui, au-delà de stimuler des activités
d’apprentissage motivantes pour les étudiants, pourraient contribuer à
développer auprès des apprenants, des compétences de travail en équipe, à favoriser
le sens de l’écoute, de partage de connaissances, de l’organisation des tâches,
mais également, à développer l’autonomie entre autres, qui sont nécessaires
dans le milieu professionnel (Soukini et Fortier, 1999). En outre, depuis
plusieurs décennies, l’enseignement supérieur a connu principalement trois
changements de paradigmes allant de la logique de transmission des
connaissances de l’enseignant à l’enseigné, à la logique de l’apprentissage par
objectif qui promeut le « transfert de capacités ». Enfin, la troisième logique
est celle de l’apprentissage actif visant le développement des compétences chez
l’apprenant en vue de mieux le préparer à une vie professionnelle (Fayolle
& Verzat, 2009). Les pédagogies actives dont il est question ici découlent
de cette troisième logique et se déclinent en plusieurs dispositifs
pédagogiques dont l’apprentissage par problème, l’apprentissage par projet,
l’apprentissage expérientiel, les groupes de lectures entre autres. Dans ce
texte, je m’intéresse particulièrement au premier dispositif cité à savoir,
l’apprentissage par problème. En effet, dans un contexte d’apprentissage par
problème, l’enseignant n’est plus ce « savant » transmetteur de connaissances
mais il adopte beaucoup plus la posture de tuteur qui accompagne ses étudiants
dans leur processus cognitif d’acquisition des connaissances. Selon Soulkini et
Fortier, (1999), dans une telle démarche, les apprenants développent mieux leur
raisonnement et affinent plus efficacement la pensée critique. Cette méthode
leur permet d’identifier les situations problèmes et d’analyser les solutions
possibles dans le but d’acquérir de nouvelles connaissances à l’école et de
pouvoir mieux les transférer dans le vie personnelle et professionnelle
(Drolet, 1991). Je trouve cette approche très intéressante pour beaucoup de
disciplines en sciences humaines et sociales dont le management des
organisations que j’ai enseigné où il apparait intéressant de mettre
l'apprenant dans le contexte du problème et de l’inciter à recourir aux outils
théoriques vus dans le cours pour proposer des solutions. C’est une approche
très pragmatique dans le cours de Simulation en gestion d'entreprise par
exemple où les étudiants sont amenés à simuler des problèmes de gestion en
s'appuyant sur les aspects théoriques de la gestion vu dans le cours. Les
étudiants se forment en groupes or la performance de chaque groupe pouvant
résulter de l’implication de chaque membre, pour ce faire, les rôles sont
clairement partagés entre eux. Cette précaution permet d'éviter que certains
étudiants ne se retrouvent en marge de l'exercice parce que dominé par un ou
plusieurs membres du groupe. Cependant, une difficulté incontournable dans
cette approche réside à mon sens dans la capacité pour l’enseignant de s'assurer
que tous les étudiants participent et qu'il n'y a pas un phénomène de « pensée de groupe » et ce, au risque de
finir avec des étudiants qui n'ont absolument rien appris de l’exercice bien
qu’ayant certainement le sentiment de comprendre alors que nenni. Comment donc
garantir le succès de ces apprentissages par problème? Selon Viau (2009), un
minimum de conditions sont requises à savoir, la collaboration entre les
membres groupe, un engagement cognitif de la part de chaque membre du groupe,
un esprit de défi pour chaque groupe pour résoudre le problème. Notre
préoccupation est toutefois de savoir comment ces conditions peuvent être
favorisées dans un groupe fortement hétérogène où les expériences et les
cultures différentes peuvent jouer sur les comportements des membres du groupe
dans leurs interactions?
Réf.
bibliographiques
Soukini,
M., Fortier, J. (1999). Apprentissage par problèmes : étude exploratoire de son
application partielle au collégial, Mémoire de maîtrise inédit. Sherbrooke : Université
de Sherbrooke.
Drolet,
M. (1991). L’enseignement en milieu défavorisé : des pratiques pédagogiques
ajustées à la socio-culture, Apprentissage
et socialisation, 14(1), 19-30.
Viau, R.
(2009). La motivation à apprendre en milieu scolaire. Erpi.
Löbler, H. (2006). Learning entrepreneurship from a constructivist
perspective. Technology
Analysis & Strategic Management, 18(1), 19-38.
Fayolle,
A., & Verzat, C. (2009). Pédagogies actives et entrepreneuriat: quelle
place dans nos enseignements? Revue de l’Entrepreneuriat, 8(2),
1-15.
Je suis interpellée par le lien que vous établissez entre l’apprentissage et l’ancrage dans le milieu qu’il soit personnel « La motivation des étudiants en vue de favoriser leur autonomisation dans leur vie réelle » ou professionnel « le développement des compétences chez l’apprenant en vue de mieux le préparer à une vie professionnelle ». Dans ma pratique et probablement parce que les étudiants de mon institution sont majoritairement des gestionnaires en poste, les demandes des étudiants pour des cours « outillants » qui permettent d’améliorer leurs pratiques sont récurrentes : tableaux de bord, gestion de projets, compétences de gestion, etc. Ces étudiants arrivent avec des objectifs personnels de développement et une expérience de vie et de carrière riche qui sont un terreau fertile à l’enrichissement par les pairs : forums de discussion, communautés de pratiques, groupes de discussion, etc. La valeur de la formation notamment au DESS et à la maîtrise dans mon institution passe par ces échanges et ces retours d’expérience. Cette dimension est extrêmement présente dans nos objectifs de conception car l’enseignant, expert dans le domaine s’appuie sur les pratiques de tel étudiant en santé ou de tel étudiant au Bureau du vérificateur général ou au Conseil du Trésor. Il est donc indispensable aussi bien en ligne qu’en présentiel de concevoir des activités pédagogiques d’échanges guidées par l’enseignant (Bates, 2017). Ces approches actives permettent de développer un certain nombre d’habiletés indispensables dans le monde du travail comme dans les activités communautaires : exprimer une pensée critique constructive, raisonner de manière analytique, partager ses pratiques et en intégrer ou en créer de nouvelles.
RépondreSupprimerRéférence
Bates, T. (2017). Les modèles pour la conception de l’enseignement et l’apprentissage. Dans L’enseignement à l’ère numérique : Des balises pour l’enseignement et l’apprentissage (p. 160‑202). Canada: Contact Nord.