LES APPRENANTS DU 21È SIÈCLE
Dans le précédent billet sur les paradigmes en
éducation, nous concluions notre texte sur la nécessité de connaitre nos
apprenants pour adapter nos méthodes et contenus de nos enseignements à leurs
besoins et à leurs caractéristiques. Ce qui est marquant dans la vidéo de Michael
Wesch dans A Vision of Students Today,
c’est justement la méconnaissance de ceux-là avec qui nous sommes censés
interagir dans la transmission des connaissances et, à ce titre, la phrase « si ces murs pouvaient parler, que
diraient-ils? » inscrite au dos d’une chaise dans l’amphithéâtre nous
parait assez édifiante. En outre, « au-delà des habitudes et styles de vie qui
se distinguent des générations antérieures, l’une des singularités de cette
génération du 21è siècle réside dans le changement profond de leurs schémas de
pensée (Prensky, 2001). Par conséquent, il est important de devoir conjuguer
avec ces transformations sociales, psychiques entre autres, pour arriver à
concilier (ou réconcilier) ce choc culturel intergénérationnel. Or, le
paradoxe, comme l’évoquait Robinson en rapport avec les paradigmes en
éducation, est que les milieux éducatifs ont tendance à vouloir construire le
future sur passé or ces deux mondes semblent bien loin d’être conciliables tant
les besoins, les préoccupations, les styles de vie entre autres sont de loin
très différents. Une image que nous trouvons intéressante pour illustrer cela est
celle de ce professeur dans la capsule vidéo de Wesch qui écrit au tableau et
qui voudrait sûrement que ses étudiants saisissent ce qu’il est en train de
leur transmettre comme connaissance. Or, le mythe (ou paradoxe), c’est que ce
tableau, à l’image des livres que ces apprenants achètent mais lisent très peu,
ne parlent pas et ne peuvent donc pas interagir avec eux. En outre, les
nouvelles technologies ne modifient pas seulement les styles de vie de cette
nouvelle génération qui, à tort, pourrait être accusée d’accros aux réseaux
sociaux dont, dans une certaine mesure, les effets de distraction peuvent
influencer négativement leur niveau d’attention dans les apprentissages. Tout au plus, le numérique est bien reconnu comme
outil d’apprentissage facilitant l’appropriation des contenus des cours par les
apprenants ainsi que l’enrichissement de leurs expériences d’apprentissage
(Brooks, 2016). En un mot, la réussite des apprenants du 21è siècles dans leurs
études est positivement corrélée à l’usage des nouvelles technologies. Qui plus
est, le recours aux nouvelles technologies permet psychologiquement aux
apprenants de « briser le stéréotype du corps professoral. Or un étudiant qui
ne regarde plus son professeur comme un être suprême inaccessible, aura
tendance à développer davantage d’échanges avec ce dernier et donc à parfaire
son processus d’apprentissage » (Ibid.). Cela semble intéressant dans beaucoup
de cultures des pays du Sud où la relation enseignant/enseigné est une relation
d’ordre ancrée dans les attitudes et comportements; le respect de la hiérarchie
étant une des valeurs sociétales très forte. Or ces stéréotypes contribuent
justement à creuser le fossé entre les deux acteurs et par ricochet, pourrait
inhiber la communication et les échanges ô combien importants dans le processus
d’apprentissage. À ce titre, une adaptation du système éducatif s’impose face
aux transformations actuelles de la société et, selon Brooks (2016), deux voies
sont nécessaires pour y parvenir : d’une part, il urge de réinventer la
méthodologie « sur le style et le langage de communication pour faciliter le
processus d’apprentissage des étudiants » et, (2), il est important « de
concilier les intérêts intergénérationnels », facteur de motivation des
apprenants. À la question de savoir si les universités d’aujourd’hui seraient
capables de répondre à ces défis d’adaptation, je en accord avec les propos de
Svinicki et Mckeachie (2014, p.337) selon qui, l’important ne se trouve pas
dans l’enseignement en soi mais dans la façon dont les étudiants apprennent. Il
faut donc plutôt savoir identifier les types d’apprentissages qui s’accommoderaient
le mieux avec les styles de vie et les besoins de nos étudiants actuels. Non
seulement l’enseignement doit évoluer dans le temps et l’espace et ce,
dépendamment des besoins (économiques notamment) et des changements sociaux qui
s’imposent, mais aussi, en tant qu’enseignant, je pense je dois toujours chercher
à comprendre comment mes étudiants apprennent afin de pouvoir leur offrir un
produit pédagogique adapté à leurs styles d’apprentissage. Cependant, une autre
complexité qui pourrait être soulevée résiderait dans l’hétérogénéité – (ne
serait-ce que culturelle) – de nos apprenants. Cette dimension culturelle est
d’ailleurs soulignée par Svinicki et Mckeachie (2014, p.5) qui arguent qu’il
serait précieux pour un enseignant de connaitre la culture de ses apprenants
pour arriver à réduire l’écart qui pourrait exister entre eux et les savoirs à
apprendre.
Réf. bibliographiques
Brooks, C. (2016). ECAR Study of Undergraduate Students and Information Technology.
Louiseville:
CO: ECAR
Prensky,
M. (2001). Digital natives, digital immigrants part 1. On the
horizon, 9(5), 1-6.
Svinicki, M. D., & McKeachie, W. J.
(2014). McKeachie’s Teaching Tips:
Strategies, Research, and Theory for College and University Teachers (14
ed.). Belmont,
CA: Wadsworth.
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