Billet 5. Les approches pédagogiques actives en ligne dans le cours de gestion des organisations
Avec le développement du
numérique qui accroît la production et la diffusion de l’information, en même
temps qu’il en facilite l’accès ( Sanojca, 2013), favorisant ainsi, la
construction collective des connaissances (Maina, 2017 ), les méthodologies
d’apprentissages orientées vers les pédagogies actives qui s’inscrivent par
essence dans une évolution postmoderne de l’enseignement supérieur sont de plus
en plus priorisées dans le dessein de favoriser des apprentissages
significatifs des apprenants tant dans la construction de leurs connaissances
et compétences qu’en ce qui concerne leur adaptation socioprofessionnelle
(Lemaître, 2007; Saint-Luc, 2009). Dans notre précédent billet sur l’efficacité
de la formation en ligne, nous décrivions le cadre organisationnel du cours que
nous avions suivi à l’université Laval. Nous avions à cet effet décrit la
dynamique organisationnelle dudit cours dans le contexte de travail en équipe
entre étudiants laquelle était appuyée par la professeure principale du cours
et son assistante qui assuraient le rôle de facilitatrices de ce processus
d’apprentissage. Ce cadre d’apprentissage s’inscrit en outre dans la dynamique
des pédagogies actives. En référence au cours de management des organisations
que nous avions donné par le passé, cette approche de pédagogie active serait
davantage utile en termes d’apprentissage par problème (APP). Selon Bédard et
Bourget (2016, cité dans Lison et Bédard, 2016), l’APP se déroule en trois
principales étapes : (1) il s’agit dans un premier de discuter de la
situation problème en vue d’en identifier la problématique qui sied. Cette
première phase de réflexion guide les étudiants dans (2) l’appropriation de
sources d’informations pertinentes et (3), la compilation ou exploitation de la
documentation en lien avec la situation problème les conduira à partager les
connaissances acquises en vue d’arriver à résoudre le problème. Comme l’indique
Maina (2017)[1],
une telle démarche d’apprentissage implique fortement la collaboration aussi
bien entre étudiants qu’entre étudiants et enseignant. L’apprentissage est donc
centré sur le groupe d’apprenants et non de façon individuelle (Verzat et al.
2015). Mais Maina postule également que dans ce contexte, la collaboration
étant un des leviers essentiels pour la réussite de l’apprentissage numérique,
il va de soi que cette collaboration va au-delà de celle entre acteurs
impliqués dans un cours donné mais qu’il est aussi important d’envisager une
collaboration entre l’enseignant et ses pairs en vue d’enrichir davantage ses
connaissances. Cependant, au-delà des compétences disciplinaires, la compétence
de l’enseignant du point de vue technologique, organisationnel est également
déterminante du fait que l’évolution du contenu de formation constitue de nos
jours, un défi. Dans le cadre du cours de management des organisations dont
l’objectif principale est de former de futurs gestionnaires ou dirigeants
d’entreprises, lesquelles perspectives professionnelles amèneront ces derniers
à développer des compétences managériales en termes de collaboration, de
travail en équipe, de prise de décision entre autres, nous privilégions, pour
faciliter leur adaptation socioprofessionnelle évoquée par Lemaître (2007), la
formation d’équipes qui se doivent, à chaque cours, de résoudre une situation
problème. De ce point de vue organisationnel, chaque équipe va nommer un
animateur/animatrice qui sera chargé(e) de coordonner le travail de son équipe,
de faire la mise-à-jour des contributions individuelles et collectives des
membres de l’équipe. En tant qu’enseignant-tuteur, nous nous devons d’adopter,
comme le suggère la littérature, la posture de facilitateur en vue de « favoriser une démarche concertée d’analyse
et d’étude du sujet » (Bédard et Bourget, 2016, dans Lison et Bourget,
2016). Qui plus est, Bouvy et al. (2010) considèrent que ce rôle de
facilitateur de l’enseignant est censé être une des compétences clés pour ce
dernier. Aussi, l’étudiant-animateur de l’équipe sera également chargé de
relancer, au besoin, les membres de son équipe qui ne seraient pas suffisamment
impliqués dans le travail et ce, dans le but d’équilibrer le niveau des
engagements qui est, selon Duek (2000, dans Verzat et al. 2015) un des facteurs
de l’efficacité de l’apprentissage collaboratif.
Références
Bouvy, T., De Theux, M. N., Raucent, B., Smidts, D., Sobieski,
P., & Wouters, P. (2010). Chapitre 14. Compétences et rôles du tuteur en
pédagogies actives. In Accompagner des étudiants (pp. 371-396). De Boeck
Supérieur.
Bouvy, T., De Theux, M. N., Raucent, B., Smidts, D., Sobieski,
P., & Wouters, P. (2010). Chapitre 14. Compétences et rôles du tuteur en
pédagogies actives. In Accompagner des étudiants (pp. 371-396). De Boeck
Supérieur.
Lemaître, D. (2007). Le courant des" pédagogies
actives" dans l'enseignement supérieur: une évolution postmoderne? Recherches
en éducation, (2), pp-81.
Lison, C., & Bédard, D. (2016). Postures épistémiques
d’enseignants-tuteurs en contexte d’apprentissage par problèmes (APP): les cas
de la médecine et du génie. Revue internationale de pédagogie de
l’enseignement supérieur, 32(32-3).
Maina, M. (2017). La
conception de cours en ligne. Entretien vidéo avec Alain Stockless
Maina, M. (2017). Les
approches actives en ligne. Entretien vidéo avec Alain Stockless.
Saint-Luc, F. (2009). Éducation et formation des enseignants en
Finlande: la place des pédagogies actives et coopératives. Specificites,
(1), 217-230.
Sanojca, E. (2013, June). Former aux compétences collaboratives.
In Les innovations pédagogiques en enseignement supérieur: pédagogies
actives en présentiel et à distance (pp. 620-629).
Verzat, C.,
O’Shea, N., & Raucent, B. (2015). Réguler le
leadership dans les groupes d’étudiants en APP. Revue internationale de
pédagogie de l’enseignement supérieur, 31(31-1).
[1]
Marcelo Maina, entrevue avec
Alain Stockless sur le design pédagogique en environnement numérique
d’apprentissage et les approches actives en ligne, 2017
Comme il l’est proposé ici, l’APP me semble tout adéquat pour rendre actif les étudiants et centrer sur l’apprentissage les décisions pédagogiques de l’enseignant. Comme les apprenants «sont les premiers responsables de leur apprentissage» (Ménard, 2014, p. 82), la réussite d’un APP est directement liée à la participation des apprenants. De plus, la collaboration entre les apprenants est au coeur de l’expérience de l’APP, ce qui nécessite un travail d’équipe soutenu. Dans le contexte d’une formation en ligne asynchrone, comment les apprenants vont-ils travailler en équipe ?
RépondreSupprimerIl existe plusieurs défis techniques relatifs à la conception d’un APP en ligne : par quels outils ou fonctionnalités numériques inciter à la collaboration ? Comment s’assurer de la participation active des apprenants et de la qualité de leur démarche d’apprentissage, à distance ? Comment évaluer la résolution du problème posé ? Par quels outils ou fonctionnalités numériques partager une session «plénière» asynchrone ?
L’élaboration d’un APP en ligne est similaire à celle d’un APP en présentiel dans son contenu et ses objectifs pédagogiques, mais la conception technique est différente et nécessite des connaissances et habiletés en conception de formation à distance.
Référence :
Ménard, L. (2014). L’apprentissage par problèmes. Dans Association québécoise de pédagogie collégiale par Ménard, L. et St-Pierre, L., Se former à la pédagogie de l’enseignement supérieur. Collection Performa, p.81-107.